Souriez : vous êtes filmés

Publié le

Les rues et ronds-points de Foulayronnes viennent de voir fleurir de magnifiques caméras de vidéosurveillance : au bas mot, une vingtaine. Certains diront « il était temps ! » ; d’autres répondront « Big Brother ». En ce qui nous concerne, nous nous posons trois questions : à quoi vont servir ces caméras ? Combien cela va-t-il coûter aux contribuables foulayronnais ? Est-il normal que les élus du Conseil municipal n'aient jamais entendu parler de ce projet ? (*)

Le Conseil municipal écarté de la décision. Ca ne devrait plus nous étonner : au Duboskhistan, rien ne se fait comme ailleurs. Toujours est-il que la décision d'installer ce réseau de caméras de surveillance n'a fait l'objet d'aucune délibération du Conseil, pas le moindre débat ni aucune décision du Maire. Rien. Ce qui est triplement dommageable :

  • d'abord parce qu'une telle décision, même si elle renvoie aux pouvoirs de police du Maire, mériterait qu'un vrai débat ait lieu. L'article ci-contre extrait du Courrier des Maires ne dit rien d'autre, ne serait-ce que pour apporter aux habitants les réponses aux questions qui vont suivre.
  • ensuite parce qu'en l'absence d'une délibération ou d'une décision du Maire, ce sont les voies de recours qui disparaissent : impossible d'attaquer une décision qui n'a jamais existé. Or, il existe de nombreuses décisions de justice annulant de telles délibérations municipales lorsqu'elles ne répondaient pas aux exigences légales.
  • enfin parce que ce genre d'équipement, on le verra, coûte cher et qu'une telle dépense devrait figurer au budget : or, pas une fois le mot de vidéosurveillance et ou de vidéoprotection, n'a figuré dans aucun document budgétaire soumis aux élus. Même à supposer un financement à 100 % par l'Etat (on n'y croit pas !), dépenses et recettes devraient figurer au budget.

Dans LA DEPECHE DU MIDI de ce jour, on apprend que ce réseau ne serait pas encore en fonctionnement, qu'il n'aurait pas les autorisations préfectorales requises à ce jour et que le Conseil municipal sera sollicité, un jour (merci la presse d'en avoir informé les élus de l'opposition). Nous allons donc probablement débattre, si débat il y a, sur des installations déjà posées et des dépenses déjà effectuées ? On croit rêver...

A quoi vont servir les caméras ? L'installation d'un tel réseau doit être précédé d'une étude d'impact qui précise l'objet de ce réseau, sa raison d'être et son opportunité, le nombre et l'implantation des caméras et les raisons de ces choix, les précautions prises au regard de la préservation des libertés individuelles, les conditions d'accès aux images, etc... Ou sont centralisées les images de Foulayronnes ? Qui peut les visionner ? Combien de temps les images sont-elles conservées ? A titre d'exemple, le rond-point d'entrée de la zone du Rouge comporte pas moins de 3 caméras : pourquoi une telle concentration ?

On connait l'engouement de nombreux élus locaux pour ce genre d'équipement. Qu'on soit pour ou contre, il faut bien admettre que les caméras de surveillance n’ont jamais empêché les méfaits de se commettre. Tout au plus permettent-elles, parfois, de faciliter l'identification des auteurs. Mais entre la diminution difficilement mesurable de la délinquance et le coût du dispositif, on constate le plus souvent que le grand gagnant est... la verbalisation des citoyens.

Quel coût pour les contribuables foulayronnais ? Je crois comprendre que l'Etat a longtemps poussé les communes à s'équiper en subventionnant largement l'équipement. Est-ce le cas à Foulayronnes ? Quel est le reste à charge de cet investissement pour le budget de la commune ? Une fois les caméras installées, il faut les entretenir, assurer la maintenance du matériel informatique qui va avec, payer du personnel assermenté pour visionner les images. Même question : combien tout cela va-t-il coûter chaque année ?

Il faut noter que des communes de taille moyenne comme la nôtre ont fait un autre choix : celui d'investir dans la prévention, l’accompagnement des populations à risque, la mise en place de maisons de quartier, etc... L’argent investi dans des caméras, d'autres l'investissent dans du temps humain de proximité et les résultats en termes de sécurité ne sont pas moins bons. On se demande si ce soudain zèle sécuritaire de Monsieur notre Maire n'est pas destiné à faire oublier comment, faute qu'il ait su proposer un local municipal adapté, la permanence Agen nord de la Gendarmerie s'est installée... à Pont du Casse ?

Conclusion provisoire, en attendant d'obtenir davantage d'informations : comme d'habitude à Foulayronnes, les décisions se prennent dans le huis-clos du bureau du Maire. D'ici à ce qu'on apprenne demain que l'idée lui a pris d'acheter des drones de surveillance...

(*) La Dépêche du jour pose, au fond, les mêmes questions que nous...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article