Centre de santé : comment transformer une débâcle en une soi-disant victoire

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Depuis qu'il est élu, le Maire de Foulayronnes adore comparer son action aux mandats de ses prédécesseurs, naturellement pour dire le plus grand bien de lui. Ses vœux 2021 n'échappent pas à cette règle mais, en les visionnant, je me suis dit que la coupe était (trop) pleine et que, même si la santé des Foulayronnais ne doit pas être un sujet de polémique, il m'est difficile de rester silencieux face aux mensonges répétés que le Maire leur assène. Rappelons donc les faits :

Lorsque Bruno Dubos est élu maire en 2014, Foulayronnes peut compter sur deux médecins libéraux, deux dentistes, quatre kinésithérapeutes, des infirmières et deux pharmacies. Depuis, la situation n'a cessé de se dégrader sans que jamais la Mairie ne se mobilise sur le sujet... jusqu'à ce que les municipales de 2020 se profilent à l'horizon.

Tardivement conscient du retard pris par Foulayronnes, le maire a sorti le chéquier municipal. Dans le même temps, des Maires des communes voisines, eux, s'étaient sérieusement et discrètement mis au boulot, trouvant des solutions dans des environnements parfois bien plus défavorables que nous, mouillant la chemise pour fédérer auprès d’un véritable projet.

Pendant toutes ces années, je siégeais à la commission médicale qui aide à l’implantation des centres de santé. J’y ai suivi de beaux projets, conjointement portés par les acteurs de la santé et les élus concernés. Mais de Foulayronnes, il n'a jamais été question, comme si notre commune pouvait se passer du soutien du département, de la Région, de l’Europe, de l’ARS, de notre agglomération. Pas de dossier : pas d’aide, sur ce sujet-là comme sur d'autres. D'ailleurs cette gestion si particulière aboutit à ce triste résultat par ailleurs : si Foulayronnes est la 5ème commune de l'agglo par sa population, elle n'est que la 29ème en termes d'aides reçues.

Pour revenir au centre de santé, ce genre de projet nécessite de déposer un dossier auprès de l’ARS, permettant l'octroi d'une subvention spécifique de 75 000€. Or, de cette subvention de l'ARS, il n'y en a pas eu pour Foulayronnes.

Puisque notre Maire aime les comparaisons, il devrait regarder ce qu'a fait Christian Delbrel, son collègue Maire de Pont du Casse : avec 500 habitants de moins, Pont du Casse a une densité médicale qui ne cesse de croître sans qu'il en coûte un euro aux contribuables cassipontins. L'offre est tellement diversifiée que de nombreux Foulayronnais vont se faire soigner à Pont du Casse, favorisant mécaniquement les commerces voisins.

Nous, pour l’instant à Foulayronnes, nous venons de dépenser 500 000 € dans l'achat de l'ex-Intermarché pour un futur et hypothétique centre de santé, dont les élus ne savent rien et dont l’équilibre financier reposera intégralement sur les contribuables foulayronnais. On peut comparer, en effet...

Qu'on ne s'y trompe pas : cette situation me désole profondément, comme habitant, comme médecin et comme élu, d'opposition ou pas.

Dès le lendemain des municipales, j’ai formellement sollicité auprès de la direction générale de la Mairie un rendez vous avec notre Maire pour voir avec lui si je pouvais apporter mon aide dans un secteur que je connais bien. Depuis rien, pas un appel. J'ai aussi essayé d'aborder le sujet en conseil d'administration du CCAS : j’ai reçu une réponse écrite m’expliquant qu’il était impossible de me communiquer les informations demandées. Au Duboskhistan, un élu d'opposition est forcément un ennemi irréductible, voire même un paria.

Je vais donc me contenter de faire mon travail d’opposant et de rectifier les fausses informations prodiguées par notre maire :

  • Notre centre de santé est-il à l’équilibre ? Evidemment oui puisque c'est le budget municipal qui bouche les trous. Mais cet équilibre se fait au détriment du contribuable et d'autres projets qui, du coup, ne peuvent voir le jour.
  • Avons-nous 5 nouveaux praticiens sur notre commune comme le trompette le Maire sur tous les tons ? Tout dépend comment vous comptez : il y 2 praticiens à temps plein et deux pour assurer des remplacements + une sage femme qui existait déjà : la seule différence, c'est qu'auparavant elle était en partie libérale et en partie fonction publique et qu'elle a désormais un contrat public à plein temps : à part pour leurs impôts, ça ne change pas grand chose pour les Foulayronnais. Et c'est à peine ce dont notre commune disposait déjà il y a 6 ans.

On le sait bien : les centres publics de santé sont une nécessité absolue pour nos petites communes péri-urbaines. Il va falloir développer ces maisons médicales, mais pas le faire de façon isolée : il faut favoriser les liens entre les acteurs de santé, probablement dans le cadre de "Communautés Professionnelles Territoriales de Santé", intégrer dans la réflexion le numérique, l’isolement croissant des personnes, la prise en charge globale du patient, le parcours de soins et des financements extérieurs qu'il faut aller chercher.

A Foulayronnes, il semble que personne n'a pris la mesure de l'ampleur des défis à venir. Comment ne pas regretter que les questions de santé publique, faute de mieux, y soit réduites à de tristes enjeux de communication municipale pour tenter de transformer une débâcle en soi-disant victoire ?

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S
J'apprécie la clarté et la neutralité de votre article. Comme vous je crois que la démocratie passe par l'expression et le respect des engagements de ceux qui sont élus grâce à nous. Je soutiens votre blog.
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